Cela ne vous aura pas échappé, depuis hier la France respire mieux, le soulagement est manifeste depuis cette glorieuse victoire de nos forces : on a renvoyé dans leur pays ravagé depuis trente ans par la guerre (d’occupation puis civile), l’intégrisme religieux militarisé, la corruption et la production d’opium, une poignée de clandestins Afghans. C’était une forte priorité évidemment, et l’on est bien content que les urgences soient enfin traitées comme elles le doivent.
Car chacun l’avait remarqué, depuis que ces effrontés avaient tenté d’envahir notre riante modernité décomplexée sans se donner la peine d’en satisfaire les menues formalités d’accès, la France allait de catastrophe en catastrophe. La délinquance ne faisait qu’augmenter sous la pression des Afghans, agressions, cambriolages, voitures incendiées, sans même parler des incivilités dans les transports en commun. Les déficits publics ne faisaient que s’aggraver, en raison des dépenses collectives induites par les Afghans (certains de ces profiteurs allaient jusqu’à inscrire leurs enfants dans nos écoles !), mettant notre économie dans une situation dramatique (on reste le quatrième pays le plus riche du monde, cependant). D’autres n’hésitaient pas à tomber malades sur notre territoire, aggravant notablement le trou de la Sécurité Sociale - les médecins partageant il est vrai une part de responsabilité avec les Afghans (que ne les renvoie-t-on pas dans leur pays, ceux-là aussi !). Le chômage devenait endémique, les Afghans ayant trusté les meilleures places du marché de l’emploi. Gaspillant sans vergogne nos richesses naturelles et consommant sans les apprécier les meilleurs produits de notre industrie, les Afghans alourdissaient notre bilan énergétique et leur impact environnemental devenait préoccupant. Enfin, on sait tout le mal qu’ont fait au système bancaire les extravagants bonus et parachutes dorés que s’auto-administraient les traders Afghans infiltrés au plus haut niveau des banques françaises.
Enfin, tout cela est définitivement terminé, c’est du passé, fort heureusement révolu, et l’histoire le prouvera bien vite : on est certains de voir la France se redresser dans les mois qui viennent, libérée de ce fardeau ! Et puis cette fois-ci, on les a renvoyés en charter, hein, pas question de les embarquer en classe affaire comme ils avaient fait le voyage aller (enfin, je suppose). Fini le champagne et les petits-fours ! L’abolition des privilèges n’est-elle pas un des fondements de notre République ?
De toutes façons, d'ici quelques semaines, si tout se passe comme il a été prévu par nos très sages autorités, les expulsés auront très probablement cessé d’émettre du CO2. Les sources de distraction ne manquent pas là-bas, on n’y souffre pas l’ennui anesthésiant du monde occidental : drones américains mal programmés, talibans sans humour, seigneurs de guerre irascibles, sans même parler des représailles (et de la honte…) au retour dans leurs anciens villages. Et puis, avec la démocratie et l’économie de marché, désormais universelles, ils n’ont, vraiment, plus rien à envier à notre mode de vie. Il ne leur restera plus qu’à aller à la galerie marchande du coin, acheter chez Séphora un parfum pour leur pauvre mère, télécharger quelques chansons de Piaf sur leur iPhone pour passer la nostalgie, et ils réaliseront bien vite (avant de mourir, si possible) l’erreur irréfléchie qu’a été leur départ. Pour le moins, leur petite escapade européenne les aura convaincus de la sincérité des valeurs humanistes qui sont les nôtres. Et si les survivants viennent à croiser nos soldats sur quelque chemin de montagne, ils seront sans doute très heureux d’échanger quelques mots dans notre langue. Alors, ces soldats seront fiers d’être Français, et n’auront plus à déplorer cette désuète tradition qui consistait, il y a bien longtemps, à accorder l’asile politique aux personnes sensibles et douillettes prétendant fuir la guerre, la torture et la mort.
Comme quoi avec un peu de patience tout finit par rentrer dans l’ordre.
BG
post-scriptum : internet étant ce qu'il est, je regrette d'avoir à préciser que ce texte est à prendre comme un avis satirique au 23ème degré ! Et tant pis pour ceux qui n'accèdent qu'au 22ème. Je suis confiant dans l'intelligence de mes contemporains, cependant à la lecture de certains commentaires il est sans doute préférable de le dire...