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17 avril 2009 5 17 /04 /avril /2009 15:21
Illustrons, illustrons... d'abord le discours d'Antony :
(cliquer pour agrandir les images)



et aussi, penser à responsabiliser les malades mentaux :


 


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13 avril 2009 1 13 /04 /avril /2009 00:39


Les médias ont voluptueusement relayé la sortie du « Livre Noir des hôpitaux » (cherchez les auteurs vous-mêmes si ça vous chante) très (trop ?) opportunément paru en pleine discussion parlementaire de la très contestée loi « HSPT ».

Les extraits diffusés révèlent à une France décidément terrorisée que les « bavures » commises par des « médecins mercenaires » font mourir « entre 12 et 24000 personnes par an », avec force exemples choquants, ma bonne dame, ‘vous rendez compte, ils lui ont recousu l’intestin avec le vagin, et l’hémiplégique ils lui bousillé le côté qui bougeait encore… (Salauds de médecins !). En oubliant juste de dire qu'à ce jeu la maladie continue de scorer plus fort que les toubibs, c’est sur un ton comminatoire que sont dénoncés haineusement les soignants incompétents ou alcooliques, les gestionnaires malhonnêtes, et le coût excessif – forcément excessif - du système. On martèle qu’il y a « trop » d’hôpitaux, et que partout ailleurs dans le monde civilisé on trouve génial de faire 100 km pour accoucher ou pour voir un cardiologue (Salauds de Français !). Et que les ARH « n’ont pas toujours pu résister aux pressions locales » : dommage, c’était justement leur raison d’être. Bref, vous l'avez compris, noir c’est noir.

Bien visé, les gars… bon, enfin il faut dire qu’elle ne roulait déjà plus très vite, l’ambulance…

Tant qu’ils y étaient par contre, ils auraient pu flinguer aussi les processus d’accréditation et certification, dont le coût et l’utilité restent des mystères : depuis que ces machins-là ont posé leur soucoupes volantes dans la cour d’honneur de l’hôpital, combien de salariés non soignants, d’ordinateurs, de réunions, de déplacements, de formations a-t-on financé ? Combien de services déconnant à pleins tuyaux avec du matériel vétuste et du personnel lessivé ont-ils été fermés ou restructurés intelligemment ? Pas beaucoup… Et encore moins en CHU, sans même parler de l’AP-HP… De combien ont diminué les dossiers égarés, les infections nosocomiales, les examens en double, les appels téléphoniques dans le vide, les délais d’attente ? De pas beaucoup…
Quitte à dire que l’hôpital coûte trop cher, ils auraient pu rappeler que la santé, c’est une dépense en face de laquelle l’Etat (en principe l’Assurance Maladie, mais en fait les deux) met une ligne budgétaire. Donc ? Donc si j’arrive avec 60 € dans un magasin où les prix débutent à 100 €, je pourrai toujours hurler que c’est trop cher… Ils auraient pu poser cette autre question benête : ajouter des étages supplémentaires au mille-feuille administratif déjà en place fera-t-il faire des économies ?

Quant aux médecins déglingués, et ben ouais, ça existe. J’en ai vu durant mes études dont le comportement, dans tout autre secteur de la société, aurait conduit directement en prison ou au chômage (paranoïaque agressif, caractériel violent, harceleur sadique, morphinomane…). Mais quand on est le seul chirurgien cardiaque d’une région de 2 millions d’habitants, personne ne moufte quand on est frappadingue, c’est la différence avec les pilotes d’Air France, les conducteurs de TGV, et même les patrons d’entreprises dont la toute-puissance est in fine pondérée par un conseil d’administration. Car, contrairement à la totalité des autres métiers impliquant la sécurité d’autrui (y compris aides-soignant(e)s et infirmier(e)s), la profession de médecin n’est soumise à aucun contrôle de non-toxicité psychologique, ni au début ni à la fin des études, et encore moins après. Ceci dit, si l’on prenait cette précaution, on écarterait les plus visiblement malades (sauf, par tradition, ceux qui ont un oncle doyen de la fac, préfet, etc…), mais je ne vois pas trop ce qui empêcherait au bout de vingt ans de carrière de retrouver les mêmes taux de pathologies psychiatriques, de névroses ou d’addictions que dans la population générale. C’est ballot, mais c’est juste comme tout le monde.

Et comment s’assurer des compétences à long terme et sur tout le territoire ? Je doute que l’on puisse contrôler leur niveau et leur permanence sans se heurter à des icebergs insolubles : celui qui a de mauvais chiffres de complications post-opératoires est-il mauvais (ou devenu mauvais), ou bien opère-t-il des cas plus difficiles ? Faut-il le virer ou lui donner plus de moyens ? Si on le sanctionne, va-t-il devenir meilleur ? Dans une région enclavée, un spécialiste « médiocre » mais présent vaut-il moins qu’un spécialiste « parfait » mais lointain et inaccessible ? Qui évaluera l’universitaire ultra-pointu dans un domaine qui compte dix chercheurs (ses concurrents) en France ? Et moi, psychiatre de ville, qui dira si je fais bien travail ? Un dogmatique qui défend des théories auxquelles je n’adhère pas, un corrompu des labos, un qui ne connaît du métier que les workshops des congrès et les couloirs du ministère ? Bien sûr évaluer ce serait mieux… en théorie, mais dans la vraie vie, comment on fait pour contrôler tout ça sans faire plus de mal que de bien ?

Allez, tant qu'à balancer, je vous le confirme aussi : il y en a qui sont négligents, ou maladroits. Qui signent une ordonnance sans vérifier les contre-indications. Qui prennent une décision idiote, ou contraire aux savoirs en vigueur. Cela m’est arrivé, je le sais, et sans doute c’est arrivé d’autres fois où je ne m’en suis pas rendu compte. C’était des lendemains de garde après 30 heures de travail d’affilée au milieu d’une semaine de douze jours, mais pas seulement… D’autres opèrent sans regarder le malade ni sa radio, qui vont mettre en œuvre une technique parfaite, mais au mauvais moment. Des infirmières qui se trompent de bocal. Ou de comprimé, ou de destinataire. Cela aussi ça m’est arrivé (décidément…), lorsque je remplaçais comme infirmier de nuit dans un hôpital rural, durant mes études. Sans conséquence grave, par chance, et j'ai retenu la leçon. Heureusement c’était en 1993, il n’y avait que les bandits qui allaient en garde à vue en ce temps-là (rappelez-vous…). Gardons une pensée pour les aides-soignantes qui donnent à boire à celui qui devait rester à jeun, les kinés qui font marcher des qui-doivent-rester-allongés, les laborantines qui échappent les tubes de prélèvement et les brancardiers qui fument dans l’ascenseur…

Et pourtant, le système s’obstine à fonctionner tout de même. Généralement, on opère le bon côté, et on met le bon produit dans la perfusion, et généralement le directeur de l’hosto ne se barre pas avec la caisse. Malgré une dégradation incroyable des moyens et de l’organisation. Malgré des problèmes structurels gravissimes qu’aucun politique ni aucun gestionnaire ne cherche vraiment à régler, et qui abîment les gens qui y travaillent. Parce que l’immense majorité des soignants sont impliqués voire dévoués, consciencieux, attentifs, bienveillants, professionnels, et que globalement, ce qui se passe se passe mieux qu’il y a quarante, vingt, ou dix ans, lorsque nombre de malades n’avaient même pas à se poser la question d’une possible erreur médicale pour crever faute de soins techniquement envisageables. Parce que l'erreur, la fausse note, le gouffre, on en sait le prix vertigineux et que l'on fait tout notre possible, tout le temps, pour la tenir à distance, l'intimider, la décourager de nous atteindre.

Je finirai d’extraire la balle de ce soi-disant scoop, et ce qu’il charrie d’insulte nauséabonde et démoralisante pour le monde soignant, en lançant ce pari : tant que les soins médicaux seront dispensés par des êtres humains, on continuera de déplorer des problèmes consternants, des accidents bêtes (en est-il d’intelligents ?), des fautes aussi évitables qu’irréparables, et d'y croiser quelques détraqués indéboulonnables et une poignée de malfrats. Faut-il essayer de faire mieux ? Oui, toujours, éviter l’évitable, être cohérents, vigilants, organisés, et progresser. Est-ce nouveau, était-ce le projecteur le plus urgent à braquer sur l’hôpital, les snipers d’opérette qui ont écrit ce livre participent-il à une évolution positive ? Je vous laisse répondre par vous-mêmes. L’épidémie hystérique de Livres Noirs bilieux et vengeurs qui se déploie sur nos têtes m’inquiète, ça me rappelle malgré moi la nuit de l’obscurantisme, le Code Noir, les Chemises Noires, tous ces trucs... La dénonciation incantatoire porte aux certitudes, à l’émotion et au lynchage, là où justement on a grand besoin de doute, de réflexion pondérée et de propositions constructives.

Je vous laisse, je pars écrire le livre noir des pizzerias pour dénoncer les cuisiniers qui se mettent les doigts dans le nez. Et puis le livre noir des notaires, qui piquent dans les comptes des petites vieilles et qui bidouillent sur les mètres carrés. Et puis aussi le livre noir de la RATP pour alerter sur les chauffeurs qui envoient des SMS au volant ! Et le livre noir des secrétaires qui commandent à la Redoute sur leurs heures de travail ! Et quand j’aurai fini, j’en ferai un aussi sur les boulangers qui mettent trop d’eau dans le pain !!!

A moins, à moins… que je ne vous fabrique un "Livre noir des livres noirs" ?

On verra.

Allez, et soyez prudents, ce n’est jamais bien bon, lorsqu’on tire sur les ambulances…


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11 avril 2009 6 11 /04 /avril /2009 16:18


Zéro : tout tend vers ça en ce moment, même le Coca-Cola, et même les cours de la Bourse. La tolérance doit désormais être nulle nous assure-t-on régulièrement, sans que le but n’en soit d’ailleurs bien précisé : s’agit-il de nous amener vers plus de sérénité, de bonheur, de responsabilité, ou d’harmonie universelle, on ne sait pas trop, mais la voie est en tous cas tracée avec une fermeté martiale. Il faut impérativement rester dans la norme, rouler accrédité à 89 km/h devant le radar automatique, ne plus fumer, ne plus boire d’alcool, ne presque plus faire l’amour, ne plus dire de gros mots, ne plus garer son scooter sur le trottoir ni bricoler sa 2042 au fond du garage du cousin fiscaliste, consommer ce qu’on nous vend, se conformer à ce qu’on nous demande et croire à ce qu’on nous promet. Voir l’affaire dite « de Tarnac », où (indépendamment du fond de l’histoire) le simple fait de ne pas avoir de téléphone portable a été considéré comme un indice de culpabilité par les policiers ! Vanter une technique de jardinage qui ne rapporte rien à une multinationale vous conduit au tribunal (cf. le purin d’ortie). Mettre sur sa moto des clignotants non homologués, aussi. Porter un sweat à capuche sur une peau foncée reste toléré, mais c’est en contrepartie du tutoiement par les forces de l’ordre. Heureusement, doubler son parachute doré, ce n’est pas toléré non plus, et là on risque gros : un coup de fil du Chef, voire un article dans le journal, ça fout la trouille non ?
Bref on oublie les marges, les arrangements, les compromis, la souplesse, la zone de flou et de bilinguisme à la frontière, on vire la compassion, on exclut, on sectionne, on bannit. Adieu tolérance, anomalie, impureté… oups ! Mais comment parler de tout cela sans exhumer un vocabulaire aussi chargé ? On coupe tout ce qui dépasse, résurgence troublante d’un fantasme castrateur de libertés qui fleure mauvais les années soixante, quand barbouzes désoeuvrés et hippies narquois jouaient à cache-cache dans une société bien pensante et conformiste. Tiens, où sont-ils passés ceux-là ? C’est maintenant qu’on aurait besoin d’eux, les hippies, mais hélas ils ont changé leur Combi Volkswagen pour un X-5 et se sont pour la plupart adossés opportunément à leur génération cambrioleuse des baby-boomers, vous savez celle qui, légitimée par la chicorée et le rutabaga puis confite dans le sucre et le pétrole des Trente Glorieuses distribue aujourd’hui les leçons de morale aux jeunes chômeurs diplômés, priés d’attendre d’avoir 70 ans pour hériter et se lancer dans la vie...

Parce qu’il faut bien comprendre que maintenant, le risque aussi, c’est fini ! Fini les chutes dans les escaliers anti-feu anti-glisse anti-essoufflement, fini les méchants voyous (qui refusent de remercier la République de les avoir enfermés dans des ghettos de pauvres aux barrières aussi invisibles qu’infranchissables), fini le cancer qui tue, fini la sauce qui tâche, fini le chirurgien qui a un coup de fatigue, adieu les courbatures après le footing, le risque, c’est nul ! le risque c’est zéro ! finissons-en avec tout ça une bonne fois. Dans ce beau monde tout neuf - et tout clinquant - on se sent ENFIN protégés des pieds à la tête, guidés, sermonnés, encadrés, et tout ce qui s’agite, couine, vibre, déconne, bref s’éloigne du flot certifié des Bonnes Choses, sera rapidement rappelé à l’Ordre. Sans doute l’histoire deviendra-t-elle un petit peu plus terne quand on aura inventé le miroir-à-se-regarder-dedans et que la foule prendra lentement conscience que les gens parfaits qui ne passent jamais aucune ligne jaune et ne font jamais prendre de risques aux autres, ne sont finalement, pas si nombreux que ça…

En attendant, mon brave Bernardo ? ben c’est pas vraiment le moment d’attraper une maladie mentale, parce que les psychiatres, ils ne sauront jamais tracer la limite entre un risque faible et un risque nul. Et que par les temps qui courent cette faiblesse ne leur sera pas pardonnée. Même s’il s’en trouvera toujours quelques uns pour applaudir la fin des tolérances.

Allez, même les plus frileux d’entre vous le savent bien, la vie sans risque ça n’a jamais existé, et ça n’existera jamais : parce que le risque, comme la mort, comme l’échec parfois, sont l’essence même de la vie, du mouvement, de la lumière. Les choses sont d’ailleurs ainsi faites que celui qui reste sans bouger dans son lit mourra d’une phlébite, alors à choisir… Quant à la tolérance aux autres – qui n'a jamais été contradictoire avec une répression intelligente, soit dit en passant – elle demeure une compensation durable à nos propres imperfections, et un fluidifiant nécessaire à toute vie en société, évitant les surchauffes et les frictions dont le danger, est, lui, bien avéré.

« Z »
D’un « Z » qui veut dire Zéro.




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20 mars 2009 5 20 /03 /mars /2009 17:58
Cela vous a sans doute échappé, mais il s’est passé un truc complètement dingue entre le 8 et le15 mars dernier. Pendant une semaine entière, il n’y a eu aucun enfant tué en Irak ni en Afghanistan, ni en Palestine, aucun coup d’état ni élection truquée nulle part. Aucun pasteur nomade exproprié au Niger. Aucun intellectuel embastiillé en Birmanie. Et plus terre à terre, personne ne m’a téléphoné pour m’aider à payer moins d’impôts, ni pour changer mes fenêtres. Banal, mais bien agréable, ma foi. Mieux, aucun expert indépendant - forcément indépendant, forcément - n’a tartiné ses Certitudes Argumentées sur l’avenir de l’économie mondiale, sur la hausse des prix de l'immobilier (qui n'est "que ralentie, et encore..."), ni affirmé en toute indépendance que les OGM sont indispensables pour la santé, que l’amiante c’était pas si grave, et que se coller la cervelle contre un four micro-onde ouvert c’est totalement anodin. Je n’ai pas non plus reçu de revue professionnelle gratuite vantant les mirifiques progrès de la Science sur la Maladie, c’est à dire les vertigineuses et dévorantes extensions d’AMM de produits présents depuis trente ans sur le marché.

Mais plus que tout, fait totalement incroyable, pendant toute une semaine, aucune catégorie socio-professionnelle (ni aucun porteur de maladie mentale) n’a été dénoncée à la télévision comme étant responsable de l’ensemble des Problèmes de Notre Pays, aucun Africain n’a été invité à embarquer sur nos lignes aériennes à coups de pieds dans le ventre, aucun service public n’a été massacré ou cédé à vil prix à d’honnêtes casinotiers monégasques, aucun centre-ville n’a été soumis au couvre-feu pour une visite officielle, aucune réforme n’a été brutalement imposée sans concertation aux gens concernés (et cela, ni lundi, ni mardi, ni mercredi, etc…), aucun discours n’a été prononcé à destination des tripes plutôt que des cerveaux, aucun ministre n’a été humilié publiquement pour avoir émis un avis personnel, aucun député n’a voté avec les genoux selon des intérêts très moyennement républicains, aucun ami de la famille des amis du Chef n’a bénéficié d’avantages monstrueusement inégalitaires, aucun citoyen n’a été placé en garde à vue sans raison valable, aucun magazine n’a fait sa une sur des gens déjà multi-auto-affichés… J'allais oublier : aucun sondage Milky - pardon Opinion Way pour dire que tout le monde trouve tout ça fort génial et en réclame encore plus, et des plus gros !

Et bien, moi je vais vous le dire, parce que moi je n’ai pas ouvert un blog pour me tourner les pouces... purééééée ,une semaine de vacances, ça fait du bien, et pour ceux que ça pourrait inquiéter, je tiens à le dire : le sevrage est très facile !!!

BG
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15 mars 2009 7 15 /03 /mars /2009 22:51
"Je vous souhaite la force, et la tendresse..."

Alain Bashung commençait ses concerts par ces quelques mots, en novembre dernier
chancelant, porté sur scène par une énergie incroyable et pénétrante
dans le silence ému et attentif du public inquiet

ces quelques mots qu'on aurait tous aimé savoir dire, et entendre aussi, à plein de moments de la vie...

malade mais debout
droit dans son identité malgré la condamnation déjà prononcée
débarassé des ultimes carapaces, pur, puissant, direct.

au delà de l'artiste et son talent, implicitement, un grand exemple pour notre société si souvent fascinée par ses propres jérémiades minuscules...

ne pas oublier

ah oui... c'est un blog de psychiatre ici, ça n'a rien à voir.
désolé.
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